Neverwinter Nights 2

Allez, ami lecteur, nous sommes entre nous alors, autant ne pas nous le cacher... si tu lis cet article, il y a de fortes chances pour que, toi aussi, tu aimes parcourir des donjons virtuels, sur papier ou devant un écran, en jetant fréquemment un coup d'oeil à ta progression d'XP, et en te demandant si, au prochain palier, tu vas plutôt prendre un niveau de barbare, de guerrier, de barde ou de ranger.

Oui, je fais bien allusion à l'univers de Donjons et Dragons, cette bonne vieille bible du nolife et du geek qui aime tant balancer des boules de feu - ou des grands coups de hache, chacun son tyle - sur la tête de pauvres bandes de gnolls et autres gobelins qui ont le malheur de croiser sa route. A ce titre, l'adaptation vidéoludique Neverwinter Nights, première du nom, connut jadis un succès retentissant. Malgré ses limitations techniques - pas de ciel notamment, à peine un compagnon possible dans sa version originelle - le titre de Atari (peu coutumier des cartons financiers d'ailleurs) a engendré, jusqu'à maintenant, une communauté nombreuse et fanatique. La raison en étant, principalement, qu'il était simple d'y créer son aventure, et de la faire partager aux autres joueurs... en d'autres termes, d'inventer une infinité de scenari basés sur le plus populaire des mondes d'Heroïc-Fantasy. Que demande le peuple ?

Atari remet donc le couvert, quelques années plus tard, avec un Neverwinter Nights 2 plus beau, pourvu d'un vrai ciel cette fois, et doté d'un éditeur aux possibilités encore accrues. Le jeu parfait ?

Hélas, plusieurs détails viennent ébrécher l'enthousiasme des joueurs, à tel point que certains préfèrent encore rester sur leur première mouture du jeu... la faute, notamment, à un produit sorti précipitamment, comme nombre d'éditeurs en ont malheureusement pris la fâcheuse habitude, tellement buggé que même la campagne principale s'avère injouable. Triste, non ? Plus d'un an après, et une bonne cinquantaine de patchs plus tard, le titre s'avère cependant dégrossi d'une part non-négligeable de ses erreurs techniques... mais ce n'est pas encore la joie... en fait, Neverwinter Nights 2 est un jeu qu'il faut monter soi-même. Récupérer des éléments développés par d'autres joueurs excédés (une IA décente, par exemple...) s'avère la seule solution pour pouvoir tranquillement hack&slasher du troll et sauver le monde. De même, NWN2 utilisant le très détesté système de protection SECUROM, je ne peux qu'enjoindre le lecteur curieux à trouver l'exe et la procédure nécessaires pour le faire sauter - à moins d'aimer faire du 5/10 FPS avec une bécane de course.

Passées ces quelques considérations, force est de constater que la magie de Donjons et Dragons fonctionne toujours aussi bien. Certes, par rapport aux centaines de classes et de races créées par les joueurs dans le premier volet, on peut tirer la gueule en constatant que, ce coup-ci, le moteur ne compte que 14 classes de base et environ plus d'une vingtaine de prestige, add-ons et modules complémentaires compris. Cela laisse tout de même un bon choix de personnages à créer et à faire évoluer. Exit, de même, les campagnes officielles un peu niaises et les modules payants de l'éditeur (on croit rêver...), le joueur averti sait qu'au fond, ce qui est marrant dans NWN2, c'est de jouer aux aventures créées par d'autres, ou de fréquenter les mondes en ligne, nombreux, qui oscillent entre l'action et le RPG pur et dur. Il y en a donc pour tous les goûts.

Dans ce domaine, on ne peut que saluer le boulot des joueurs/créateurs, qui ont érigé des univers entiers farcis de centaines de quêtes, qui animent leurs serveurs en vrais maîtres de donjons, et inventent tout un tas de concepts rafraîchissants (conquête, notamment, c'est-à-dire que le monde est dynamique, en guerre, et qu'on peut en acquérir et en défendre des bouts de territoire... rien qu'à le lire, ça ne vous donne pas envie ?).

Nul ne sait, donc, si l'aventure de NWN2 connaîtra, dans le futur, un succès aussi épais que celui de son illustre aîné, car le moteur beaucoup plus rigide interdit les délires précédents, surtout dans l'optique de vendre des add-ons d'ailleurs, mais le potentiel de ce jeu est là, et bien là : visiter et participer à la destinée de mondes virtuels, dans le cadre d'un système de JDR qui a prouvé sa stabilité (Donjons et Dragons reste le modèle même du roleplaying, dans le monde entier), avec la possibilité de donner vie à ses rêves de joueurs, et de les faire partager à d'autres... Attention toutefois, si vous comptez vous métamorphoser en créateur d'univers (module est le terme exact), attendez-vous à devoir fourrer sérieusement les mains dans le cambouis... entre plugins, outils à télécharger, retouche d'image, codage et utilisation de scripts, l'édtieur de NWN2 est certes puissant, mais pas tellement simple d'accès !