La femme d'avant

Mise en scène :
Claudia Stavisky

avec Didier Sandre,
Marie Bunel,
Afra Val d’or,
Sébastien Acca

Résumé : «Je jure que je t’aimerai toujours». Ces paroles, Frank les a prononcées voici 28 ans, au cours d’un été. Depuis, elles n’ont cessé de résonner dans l’esprit de Romy Vogtländer. Aujourd’hui, au nom de cette promesse adolescente, elle vient réclamer son dû, s’immiscant avec détermination dans la vie de cet homme marié et père de famille. Pour lui, ces mots du passé n’évoquent qu’un vague souvenir ; pour elle, ils ont valeur de contrat.

D'habitude, je ne suis pas vraiment client des vaudevilles, ou de tout ce qui s'en approche (comédies sentimentales en tête); mais l'un de mes amis ayant insisté pour que je voie cette pièce, ma foi, je ne pouvais lui faire faux bond... et bien que mon avis final soit mitigé, je dois avouer que je n'ai pas perdu ma soirée pour autant.

Si vous avez lu le résumé, vous conviendrez que la trame initiale est relativement classique; elle a cependant l'avantage d'être relatée de manière dynamique, à la façon d'un puzzle temporel. La situation initiale est plantée dans les premières minutes - pas de fioritures inutiles, donc. Au total, cinq personnages incarnent les protagonistes de ce psychodrame qui, comme je le soupçonnais, commence assez mal et s'achève sur quelques morts.

Que vaut un amour de jeunesse ? C'est l'une des questions soulevées par cette oeuvre, qui met en abîme cette romance rappelée à l'ordre du jour, et une autre, celle du fils du fameux couple confronté à son passé. La "femme d'avant" est particulièrement frappée, mais non dénuée de charisme. L'homme lui cèdera-t-il ? Expédiera-t-il toute sa vie pour suivre un amour nostalgique, et fulgurant ? On pourrait croire à une histoire de la sinistre collection Arlequin, ou tout du moins digne d'un roman-photo italien, mais le texte est relativement bon, et l'interprétation est à la hauteur. Ne boudons donc pas notre plaisir... du petit jeune un poil rebelle qui tagge les murs avec son sigle, à la femme "officielle" qui verse peu à peu dans l'hystérie, en passant par "l'homme" bientôt complètement dépassé par les évènements, le suspens tient bon. Tout juste, la fin est-elle un peu incongrue (des deux morts, l'une est grosse comme une maison, l'autre... un peu étrange quand même...), mais le tout reste bien emballé dans une scénographie à décor changeant, aux projections visuelles réussies, et à la trame chronologique délicieusement cisaillée, remontée, répétée, tronquée...

Verdict ? Si une telle pièce ne mériterait pour moi qu'un 14/20 mettons, ce qui n'est bien mais pas top (oui j'aime les références), l'oeuvre n'en porte pas moins, en germe, certaines considérations que j'ai trouvé assez profondes; tandis que le couple s'apprête à déménager, c'est tout un univers de souvenirs dans des cartons, de sentiments en boîte et d'habitudes hélas réalistes (que vaut un mariage ?) qui constituent cette "tragédie douce-amère", et personnellement... la superficialité des sentiments, et de nos existences, sont des thèmes que je juge touchants.