J'ai constaté en voyageant un peu deçi delà dans les coins sombres de ce forum qu'il y avait quelques personnes touchées par Artaud, qui avaient en fait eu la chance de rencontrer ce putain de poète de l'absolu. Donc voilà, n k wyvern est un peu déçu que ce forum n'ait pas généré plus de discussions autour de l'Art, parler d'Artaud, parler de quelqu'un qui apparemment ne laisse pas indifférent quelques uns d'entre vous
(en fait il ne rend sûrement indifférent personne, le problème est juste que bien peu de personnes ont eu la chance d'être en contact avec son texte - ou juste peut-être les bons petits prépaiens (les élèves de prépas) à qui l'ont fait lire le théâtre et son double- mais qui sont sans doute bien trop "cadrés", bien trop habitués à lire un texte scolairement au lieu de le sentir, pour avoir été bouleversés dans leur chair par cette fulgurance inégalée)
sera sans doute une bonne occasion de se retrouver autour d'un sujet passionant parce qu'inépuisable en densité, en profondeur, en consistance, oui Artaud c'est tout, un infini de forces. Une autre raison qui rebute peut-être le peu de gens qui le connaissent (bien peu sans doute- au moins ma famille à qui ma rage artaudienne fait bien peur
) c'est son rapport avec le versant sombre de la psyché humaine : la folie. Oui, Artaud a passé neuf ans interné dans des asiles d'aliénés. Les asiles, les malades mentaux font peur aux gens, comme si ils étaient des pestiférés, comme si une pathologie mentale était aussi contagieuse qu'une pathologie physique. Artaud malade, c'était obligé, la connaissance de l'absolu ne peut venir que quand on avoisinne la mort. Et même dans les pathologies mentales (schizophrénies, psychoses bipolaires...), l'idée de mort est constante et suit le corps comme sa propre ombre.
Alors je lance ce post comme une bouteille à la mer à tous les artaudiens de coeur. Faites que ça parle d'Artaud, que ça le sente, que ça le vive. Enfin pas trop quand même (je ne veux pas dire ça, je ne le pense pas, on ne vit jamais assez Artaud). Je sors d'une hospitalisation parce que je me pensais fille de coeur à naître (j'étais rue Serpente le 6 janvier, n'est-ce pas le thésard st...) . J'ose anonymement (le seul qui me "connaît" ici n'est apparemment pas non plus étranger aux asiles d'aliénés) parce que je pense que ce monde de cons est salement malade parce que justement il manque de vrais fous, d'aliénés authentiques comme Artaud. Ce que je ne suis peut-être pas, mais qui passe par les asiles en tout cas.
"pas un malade qui n'est grandi
pas un bien portant qui n'est trahi"
parce que le divin amour du noir passe par un sentiment étranger en tout à la haine et à l'indifférence face aux "fous".
PS : je regrette que ce post d'ouverture sur Artaud débouche sur un "appel aux malades", Artaud est tellement plus que ça. Toujours est-il que c'est un point commun non-negligeable que j'ai avec lui.
Orélia Nalpas